Panne sèche ou de pompe de gavage ?

D’une certaine façon, les deux, mon mécano !
Impossible de redémarrer de ce parking de zone commerciale !
Le démarreur semble bien jouer son rôle, et la batterie n’est pas à plat.
Première enclenchée, la voiture fait bien un bon en avant, mais le moteur s’arrête.
Les voyants semblent fonctionner normalement, et la jauge de carburant m’indique 1/5^ème.
Mais cela ressemble quand même à une panne sèche : et si c’était le cas ?
Ce diagnostic est le plus économique, et finalement le plus rassurant.

En quête de carburant

Me voilà parti — à pied — à un hypermarché situé à deux kilomètres pour acheter un jerrican et le remplir à la station de l’enseigne. Bidon et carburant, une opération à 15 euros.
De retour, je constate qu’il y avait une station-service juste en face, de l’autre côté de la route. Je ricane en vidant mon jerrican dans le réservoir.
Tour de clef pour démarrer… Refus catégorique !

Un bruit qui semble manquer…

En réfléchissant, inquiet, j’envisage un « dépannage » par un garage, avec tout ce que cela implique.
Je me suis récemment fait arnaquer par un centre auto, alors je suis peu disposé à remettre le service, d’autant que là, ça risque d’être dépanneuse obligatoire, avec la prise d’otage potentielle qui va derrière.
Puis, en y pensant bien, un bruit me semble absent, comme un petit vrombissement lorsque je mets le contact, qui dure jusqu’au démarrage, ou qui s’arrête au bout d’une dizaine de secondes ou si je coupe le contact.
Et si ce bruit — qui venait de l’arrière — était celui de la pompe de carburant, aussi appelée « pompe de gavage » ?
Je vais suivre cette piste…

Un fusible ?

Me voilà plongé dans la notice de mon véhicule — une Citroën Xandia 2.0 HDi 90 (Phase 2) —, à la recherche d’un éventuel fusible défaillant.
Et je trouve le “F9” (10 A), dans le boîtier du compartiment moteur, à côté de la batterie. La notice précise « Relais, pompe à essence »… Je le retire et l’observe, il a l’air bon. Par acquit de conscience, je le remplace par l’un de ma boîte à ampoules de secours…
Tour de clef pour démarrer… Refus catégorique, ça cale immédiatement !

La pompe de gavage ?

Je remets l’ancien fusible puis referme le capot.
Sur mon téléphone 4G, je fais des recherches pour savoir où se trouve cette fameuse pompe.
Merci le Web !
Elle est située sous la banquette arrière, côté droit/passager.
Je la lève, et découvre une découpe dans la moquette, avec, juste en dessous, un cache noir en plastique.
Je tape dessus à coups de poing : on ne sait jamais, des fois qu’elle serait seulement coincée !?
De retour au volant, je mets le contact, et, au miracle, la voiture démarre !
C’est donc bien la pompe de gavage qui me joue des tours !…

Des garages qui se gavent

J’appelle la concession Citroën : « Monsieur, c’est un moteur HDI, il faut compter dans les 600 euros, et s’il s’agit de l’injection, cela coûtera beaucoup plus cher ! »
Je tente un agent Citroën dans une petite commune proche : « Oh, si c’est bien ça, ça vous coûtera dans les 450 euros, et il faut nous laisser le véhicule la journée… »
Me sentant mal barré, je décide d’opérer seul, comme un grand.
Toujours sur le Net, je constate que c’est une « faiblesse connue ». En fait, le moteur de la pompe utilise de simples charbons, comme sur une perceuse !
C’est donc à considérer comme une pièce d’usure, sauf que l’on ne m’a jamais signalé ce potentiel souci lors de passages en garages.
Chez PSA, c’est un grand classique, et, fort heureusement, sur ma Xantia, il n’est pas nécessaire de démonter le réservoir de carburant pour la changer.
Je trouve un fil/sujet/tuto bien fait sur un forum, ainsi qu’un bon tuto vidéo, mais pour une Xsara.

Des marchands en ligne qui font peur

Retour sur le Web, à la recherche d’une pompe à un prix raisonnable.
Compte tenu de l’importance de la pièce, je ne souhaite pas plaisanter sur le sujet (en récupérer une dans une casse est même impensable tant sa longévité/fiabilité serait inconnue/aléatoire).
Et là, je trouve absolument de tout ! Des pompes de toutes références — soi-disant adaptées à mon véhicule —, à des prix allant de 50 à 300 euros !
Dans de nombreux cas, la marque — et encore moins l’origine/lieu de fabrication — n’est même pas mentionnée.
Je lis des témoignages à faire peur sur des pièces inadaptées (pression), non conformes, ou qui tombent en panne dès les premiers kilomètres.
Certains « marchands » osent même mettre dans leurs conditions générales que la garantie ne joue que si la pièce est posée par un… professionnel !!!
Bref, pour des pneus ou un filtre à huile, peut-être tenterais-je le coup, mais pas pour une pièce avec de si grands enjeux !

Un grossiste de proximité

Je m’oriente vers un petit grossiste de pièces automobiles — qui vend aussi aux particuliers —, avec des agences dans plusieurs villes.
« Oui Monsieur, nous avons du Valeo, ou du Pierburg, deux marques de première monte, je peux vous faire la Valeo à 196 euros, l’autre étant plus chère… »
La mienne est une Bosch, mais OK pour une autre marque si c’est du « sérieux ».
Je regarde à nouveau sur le Net, et trouve ces deux marques entre 135 et 160 euros…
La différence de prix est importante, mais je préfère jouer la carte de la proximité, de la disponibilité, et surtout de la réputation : un grossiste local implanté depuis de nombreuses années ne fait probablement pas n’importe quoi (genre copies/imitations), car il en va de sa pérennité. En plus, il y a des emplois (locaux) en jeu !
Le lendemain matin, dès l’ouverture, me voilà à l’agence. Pas de Valeo, c’était une erreur de stock/de localisation, mais une Pierburg, et on m’octroie un petit effort supplémentaire pour me la faire à 190 euros.
Me voilà avec le précieux carton sous le bras, avec une étiquette de sécurité/de garantie genre « hologramme ».

La pompe de gavage neuve (jauge de carburant intégrée), marque Pierburg

Mécano improvisé

Normalement, n’ayant pas l’outil spécialisé, ce devrait être assez galère, mais je suis confiant.
Je prends une bassine pour récupérer la pompe et son contenu, ainsi que quelques chiffons pour éponger si nécessaire.
Mais j’ai fait ma « check-list » quant au déroulé de l’opération.

Opération remplacement pompe de gavage

• Je relève la banquette arrière-droite.
• J’enlève (en tirant dessus) le cache plastique des fixations du fauteuil passager avant.
• Je dégage la découpe de moquette.
• J’enlève le cache rond en plastique/caoutchouc en m’aidant d’un tournevis pour l’extraire.
• Je tente de démarrer le véhicule qui cale aussitôt : cela fait tomber la pression dans les tuyaux pompe/moteur…
• Je débranche le faisceau électrique en appuyant sur un ressort métallique : ils servent à la pompe, mais aussi à la jauge de carburant intégrée (eh oui, en plus).
• Pour lever définitivement le doute, je branche ce faisceau sur la nouvelle pompe posée juste à côté. Je mets le contact, et, oh miracle, j’entends son moteur tourner : c’est confirmé pour la pompe HS !
• Avec prudence, je débranche les deux tuyaux de carburant (le vert — retour — en premier, le noir/blanc — départ — en second), en appuyant sur leur petit poussoir latéral. Je range bien ces tuyaux, ainsi que le faisceau électrique, sous la découpe.
• Nettoyer les éventuelles saloperies afin qu’elles ne tombent pas dans le réservoir.
• Et là, le plus dur commence ! Il faut dévisser le « gros écrou » en plastique… Et, sans outil spécial (onéreux et rare), il faut se servir d’un tournevis plat et d’un marteau pour le débloquer et le faire tourner, avec le bon angle, — sans casser les « dents », mais elles sont solides — dans le sens inverse des aiguilles d’une montre… Il faut persévérer et y aller avec prudence : mais dès que ça se décoince, on a le sourire !;-)
• Une fois l’écrou extrait (ça fait penser à un casse-tête — c’est un truc d’ingénieur —, mais on finit par y arriver), la pompe est là, amovible, la partie inférieure baignant dans le réservoir.
  Au fait, j’ai de la chance, le mien est peu rempli : opération à privilégier presque à vide !
• Tranquillement, j’extrais la pompe en l’inclinant légèrement de manière à faire passer le flotteur de la jauge, et la transporte immédiatement dans ma bassine ! Pas plus d’une goutte tombée au passage !
• La pompe contient au moins 1/2 litre de carburant que je vais verser dans un fond de bouteille en plastique afin de remettre mon diesel dans le réservoir.
• Bien vérifier le positionnement du joint (bleu). Celui d’origine est en parfait état, mais un neuf doit être trouvable en concession si nécessaire.
• Insérer la pompe neuve intelligemment et doucement (pour éviter que ça ne déborde), il y a d’ailleurs un détrompeur sur le côté et l’encoche correspondante dans la découpe.
• Remettre l’écrou en plastique, le serrer à la main (sens des aiguilles d’une montre), puis terminer l’opération au tournevis/marteau jusqu’à ce que la pompe soit bien immobilisée.
• Rebrancher les deux tuyaux comme ils étaient à l’origine, ça se clipse tout seul.
• Rebrancher le faisceau électrique.
• Prendre la direction du volant, et mettre 5/6 fois le contact (sans démarrer), pendant 5/6 secondes à chaque fois, histoire d’amorcer/de mettre sous pression… À chaque fois, j’ai entendu le doux bruit de la pompe qui s’avère plus silencieuse que la précédente :-). Puis démarrage ! Victoire !!!
• Je vérifie, la jauge (aussi changée dans l’opération, puisqu’intégrée à la pompe) fonctionne parfaitement, et ce qu’elle indique est conforme à ce qu’indiquait la précédente.
• Retour à l’arrière pour bien vérifier qu’il n’y a pas de fuite (moteur tournant), déblayer le terrain, remettre le cache en plastique/caoutchouc, rabattre le carré de moquette, repositionner le cache du fauteuil avant, ainsi que la banquette arrière (bien faire passer les ceintures de sécurité).
• Fini !

La pompe de gavage Bosch d’origine (maintenant à la casse).
Désolé pour la nature/l’herbe : un acte manqué pour une opération réussie !

Bilan

• 190 euros pour la pompe de gavage, mais on peut faire pour moins cher, avec prudence toutefois.
  En concession, c’était au moins 300 euros pour la seule pièce.
• 45 minutes au total. Et si j’avais eu l’outil spécial « écrou », c’était ficelé en moins de 20 minutes.
• Opération réalisable n’importe où : même pas besoin d’emmener le véhicule en atelier (dépanneuse/camion-plateau), un mécano (ordinaire) peut faire ça sur place !
• Bref, en concession comme en « agence », les prix annoncés au téléphone (pompe & main-d’œuvre) étaient tout simplement exorbitants ! C’est un « défaut connu », et ils abusent visiblement de la situation…:-/
• Ma pompe d’origine aura tenu presque 220 000 kilomètres, et je pense que je ferais du préventif pour la prochaine fois, quitte à en avoir une en réserve dans le coffre…
• Bien sûr, assurez-vous que l’opération est réalisable dans des conditions similaires pour votre véhicule. Et pour cela, le Net sera votre meilleur ami (avec circonspection et prudence quand même) !

J’inaugure ainsi une catégorie « Pratique » afin de partager mon expérience et de vous encourager à faire un doigt/bras d’honneur — par l’exemple — à une société de consommation/d’obsolescence programmée de plus en plus cynique et profiteuse.

Non, ma fidèle Xantia n’ira pas (prématurément) à la casse !

Vignette : « Une pompe de gavage définitivement gavée » © PF/Grinçant.com (2017)

© PF/Grinçant.com (2017)